Table ronde sur la vie et l’oeuvre du cheikh Mohammed Abdelkrim EL MAGHILI

UNE CONFERENCE DEBAT SUR LA VIE ET L’ŒUVRE DU CHEIKH ABDELKRIM EL-MAGHILI (1425 -1505)

Date : 25 juin 2022 à 10H  

Lieu : Mémorial Modibo Keita

Évènement co-organisé avec l’ONG SAVAMA-DCI de TOMBOUCTOU

Cheikh Mohamed Abdelkrim El Maghîlî est un grand érudit algérien, né à Tlemcen en 1425 et mort à Zaouiet Kounta en Algérie en 1505. Il a beaucoup voyagé et enseigné en Afrique de l’Ouest, notamment au Soudan, à Kano, à Kagho, au pays de Takrour, à Gao et surtout à Tombouctou. Il a contribué à la formation des élites africaines dans ces contrées lointaines de sa terre natale ; comme il a écrit de nombreux ouvrages sur différents thèmes liés, notamment, à la gouvernance politique. Ces écrits restent d’une surprenante actualité et surtout une précieuse source d’inspiration pour nos sociétés modernes.

 

 

Le Cheikh Mohamed ben Abdelkrim El Maghili reste sans conteste le personnage le plus célèbre, le plus influent et le plus déterminant dans l’histoire du Touat-Gourara.

INTERVENTION DE SON EXCELLENCE EL-HAOUES  RIACHE

AMBASSADEUR D’ALGERIE AU MALI

Messieurs les Ministres

Mesdames Messieurs les membres du CNT

Messieurs les ambassadeurs et membres du corps diplomatique

Monsieur le Président de l’ONG Sauver et Valoriser les Manuscrits, SAVAMA-DCI

Le Directeur général des Archives Nationales d’Algérie,

Messieurs les panélistes et modérateurs,

Mesdames, Messieurs de la presse,

Jeunes étudiantes et étudiants

Mesdames, Messieurs,

Je tiens, en tout premier lieu, à vous remercier très sincèrement d’avoir répondu à notre invitation et d’avoir accepté d’honorer de votre présence cette table ronde que nous consacrons à la vie et l’œuvre d’un homme de savoir qui a été et reste un puissant trait d’union entre mon pays et toute l’Afrique de l’Ouest.

Il s’agit de Mohamed Abdelkrim Al Maghili, un grand érudit originaire  de la ville de Tlemcen en Algérie, qui a vécu au quinzième siècle, qui a beaucoup voyagé, écrit et enseigné dans différentes parties de toute l’Afrique de l’Ouest ainsi que dans les villes de Gao et Tombouctou.

L’Algérie célèbre le 5 Juillet prochain, le 60ème anniversaire de son accession à l’indépendance et le recouvrement de sa souveraineté, refermant ainsi, grâce à une guerre de libération glorieuse, une parenthèse douloureuse de 132 années d’occupation et d’oppression colonialiste.

Cette table ronde entre dans le cadre du programme de célébrations de cet important évènement ici au Mali, pays avec lequel l’Algérie a toujours veillé à entretenir de solides relations de bon voisinage, d’amitié, de solidarité et de coopération.

Nous, Algériens, nous nous rappellerons toujours que ce pays voisin et frère a accueilli sur son territoire la 6èmè wilaya militaire de l’Algérie combattante pour sa liberté, qu’il a été parmi les premiers pays à reconnaitre le Gouvernement Provisoire de la République algérienne en exil et à accréditer un ambassadeur de ce GPRA.

Mesdames, Messieurs,

Nous organisons cette table ronde avec l’ONG SAVAMA-DCI. Je saisis cette occasion pour remercier son président M Abdelkader Haidara pour l’intérêt qu’il a immédiatement porté à cette initiative et pour sa précieuse contribution à sa réalisation.

Qu’il me permette de dire que son ONG est un temple de la mémoire écrite de cette partie du continent africain.  Ce sont des centaines de milliers de manuscrits qu’elle garde et préserve jalousement dans des conditions souvent difficiles et avec des moyens limités.

C’est le lieu ici de rendre un vibrant hommage aux hommes et aux femmes qui l’animent et de leur exprimer notre soutien dans la poursuite de cette noble mission qui interpelle, en fait, l’ensemble de la communauté internationale, et non pas seulement les Maliens et le Mali. 

Pour sa part, mon pays se propose d’engager avec le Mali une coopération diversifiée en matière de préservation des manuscrits. Le directeur général des archives nationales, M. Abdelmadjid Cheikhi, qui interviendra tout à l’heure par visioconférence, est mieux habilité pour en parler

Mesdames, Messieurs,

Comme nous l’expliquerons dans un moment les distingués panélistes, c’est du Touat au sud de l’Algérie que Mohamed Abdelkarim Al-Maghili entreprit dès 1490 ses voyages africains, séjournant dans plusieurs villes du bilad Al Sudan où il dispensa des cours, rendra des consultations juridiques, rencontra de nombreux souverains tant dans l’Aïr que dans les cités haussa en passant par l’empire Songhaï de l’Askia Mohammed lui-même, auquel il dispensa d’ailleurs un enseignement religieux.

Très sollicité, il rédigea à Kano, à la demande du prince, un texte sur le mal et le bien, document qui s’est imposé, selon les spécialistes, comme un véritable manuel destiné aux responsables politiques.

Al-Maghili quitta les villes-Etats haussa à la fin du XVème siècle pour l’empire songhaï où, à la demande de l’Askia Mohammed, il rédigea une épitre intitulée « Taj al din fima yajib ala l-mulk (traduit en 1931 sous le titre d’obligation du prince).

Ce texte porte sur les huit exigences du pouvoir. Un de ses disciples, le Cheikh Osman dan Fodio, dont le nom et les écrits reviendront beaucoup lorsqu’on parle d’El-Maghili, s’en inspirera, en plus d’autres sources, et développera longuement ces obligations, lesquelles tendent toutes vers la formulation et le respect de principes qui restent aujourd’hui d’une grande pertinence et que l’on retrouvera, de nos jours, sous le vocable de la bonne gouvernance.

Selon les spécialistes, vingt-six titres largement connus dans l’ouest africain sont attribués à Abdelkrim al Maghili.

Mesdames, Messieurs,

Pour conclure, je dirais que dans les centaines de milliers de manuscrits gardés consciencieusement par l’ONG SAVAMA-DCI, ainsi que par l’Institut Ahmed Baba, par les archives nationales maliennes et ou encore dans les bibliothèques privées des familles de la région de Tombouctou, et certainement au-delà, il y a aussi des milliers d’érudits   comme Al-Maghili dont les travaux ne demandent qu’à être visités et exploités pour le bien commun.

Exploiter ces manuscrits, c’est aussi reconnaitre aux Africains leur grand apport écrit, et non seulement oral comme on nous l’a longtemps enseigné, à l’épanouissement de la civilisation humaine. C’est une dette, une autre dette envers l’Afrique, qui reste à réparer.

Ce sont là quelques réflexions que j’ai tenu à partager avec vous à l’ouverture des travaux de cette table ronde.

Je vous remercie de votre aimable attention

   Autre video de la table ronde autour de l’oeuvre du cheikh Al-MAGHILI  (Facebook):    (cliquer ici)